Le secteur maritime est en pleine mutation avec l’émergence de nouvelles technologies visant à réduire les émissions de CO₂. HD Korea Shipbuilding & Offshore Engineering (HD KSOE), filiale de HD Hyundai, vient de présenter un concept révolutionnaire : un porte-conteneurs propulsé par un réacteur nucléaire modulaire (SMR), capable de transporter 15 000 conteneurs (TEU). Ce projet ambitieux a obtenu l’AIP (Approval in Principle) du American Bureau of Shipping (ABS), un pas décisif vers sa mise en production.
Un navire conçu pour une logistique plus propre et efficace
L’utilisation de la propulsion nucléaire dans le transport maritime permet de se passer des combustibles fossiles, réduisant ainsi les émissions polluantes et les coûts d’exploitation. Ce porte-conteneurs intègre plusieurs innovations majeures :
- Absence de cheminées et de réservoirs de carburant fossile, permettant une capacité de charge optimisée et une meilleure efficacité logistique.
- Sécurité renforcée, grâce à un système de blindage avec double coque en acier inoxydable et une protection à l’eau légère pour éviter toute fuite radioactive.
- Propulsion avancée, développée en collaboration avec Baker Hughes, utilisant un système à dioxyde de carbone supercritique pour améliorer de 5 % l’efficacité thermique par rapport aux turbines à vapeur traditionnelles.
Une mise en service prévue après des tests en Corée du Sud
Pour valider la faisabilité de ce concept, Hyundai prévoit d’établir une centrale de démonstration dédiée à la propulsion nucléaire maritime dans son centre de test des technologies du futur à Yongin, en Corée du Sud. Ce projet s’inscrit dans une stratégie mondiale visant la neutralité carbone, en proposant une alternative durable aux navires fonctionnant au fioul ou au gaz naturel liquéfié (GNL).
Si ce porte-conteneurs nucléaire parvient à convaincre les autorités maritimes et les armateurs, il pourrait marquer un tournant décisif dans le transport maritime international, en offrant une solution zéro émission tout en maintenant une haute capacité de fret. Reste à savoir si cette technologie sera adoptée à grande échelle dans les décennies à venir.
Un tournant pour le transport maritime ?
Le secteur du transport maritime représente environ 3 % des émissions mondiales de CO₂, une proportion qui pourrait augmenter avec la croissance du commerce international. Face aux réglementations environnementales de plus en plus strictes, notamment celles imposées par l’Organisation Maritime Internationale (OMI), les compagnies maritimes cherchent des alternatives aux carburants fossiles traditionnels.
Avec son porte-conteneurs à propulsion nucléaire, Hyundai se positionne comme un acteur majeur de cette transition énergétique. Contrairement aux navires utilisant du GNL (gaz naturel liquéfié) ou du méthanol, qui réduisent les émissions mais nécessitent encore des combustibles fossiles, la technologie nucléaire promet une solution zéro émission avec une autonomie bien supérieure.
Un défi réglementaire et technologique
Malgré son potentiel, l’intégration de la propulsion nucléaire dans le transport maritime devra surmonter plusieurs obstacles :
- Acceptation réglementaire : l’usage du nucléaire en mer est un sujet sensible. Chaque pays traversé par ces navires devra approuver leur passage, ce qui pourrait compliquer certaines routes commerciales.
- Coût initial élevé : la mise en place d’un réacteur modulaire SMR est coûteuse et nécessite une infrastructure spécialisée pour l’entretien et le rechargement du combustible nucléaire.
- Préjugés et sécurité : même si la technologie utilisée assure un haut niveau de sécurité avec une double coque et un blindage renforcé, l’opinion publique et certains gouvernements restent méfiants face aux risques liés au nucléaire.
Vers une adoption progressive des navires nucléaires ?
Hyundai n’est pas le seul constructeur à explorer la propulsion nucléaire pour le transport maritime. D’autres entreprises, notamment en Chine, en Russie et aux États-Unis, travaillent sur des projets similaires. L’objectif est d’arriver à une flotte de navires nucléaires d’ici 2050, capable de réduire drastiquement les émissions du secteur.
Si la technologie développée par Hyundai parvient à s’imposer, elle pourrait révolutionner le transport de marchandises, en offrant une alternative écologique, performante et économiquement viable sur le long terme. Reste à savoir si les grandes compagnies maritimes seront prêtes à franchir le pas du nucléaire pour assurer un avenir plus propre aux échanges internationaux.



